DOSSIER RESPIRATION – PRANAYAMA
Ce dossier s’adresse surtout aux personnes qui veulent se lancer dans un travail d’atelier et ont déjà une pratique de yoga.
S’intéresser à la respiration c’est être mis face à sa respiration, le plus souvent face à ses difficultés respiratoires, à ses difficultés d’expirer, de faire place à un espace vide d’air, à ses difficultés d’inspirer, d’accueillir ce qui se présente. Le bébé n’apprend pas à respirer, il respire. Pourquoi a-t-on perdu cette respiration instinctuelle ?
Quand je veux aérer une pièce je ne vais pas chercher l’air qui est dehors pour le transporter à l’intérieur, mais j’ouvre portes et fenêtres et l’air rentre de lui-même sans que j’intervienne. Comment ouvrir grandes les portes du corps ?
S’intéresser au pranayama, c’est déjà avoir fait tout un travail postural, avoir rétabli une forme d’équilibre proche de l’aplomb, pour que le corps soit le plus disponible possible à la respiration.
Il ne faut pas “travailler sa respiration” dans un premier temps mais plutôt travailler à ne plus rien faire qui empêche le jeu naturel de la respiration.
Entrons simplement dans la conscience de sa respiration avec cette phrase d’Yvan AMAR dans son livre « l’effort et la grâce » :
« Le travail corporel ne consiste pas en une manipulation du corps visant à obtenir un objet performant capable d’atteindre tel ou tel résultat, avec l’inévitable escalade des performances que cela suppose. C’est au contraire par une écoute respectueuse que l’on peut prendre conscience de cette intelligence seule capable de créer un véhicule aussi merveilleux. En vivant dans l’intimité de la structure même du corps, en entrant en intelligence avec l’intelligence du corps, on va peu à peu découvrir qu’il n’est effectivement pas un objet séparé mais une structure organisée autour de passages permettant l’échange ».
Prendre conscience par une écoute respectueuse du corps.
Permettre l’échange, laisser passer l’air.
Chaque zone du corps devient lieu de passage.
Chaque zone de tension fait barrage. S’intéresser à sa respiration c’est accorder l’instrument corps, pour que « ça » respire au fond de soi.
Vivre la respiration du moment, c’est être témoin de ce qui se vit et en accepter toutes les imperfections.
Cette recherche est avant tout une démarche reposant sur le yoga.
On ne peut travailler sa respiration dans un corps en souffrance, où rien n’est à sa place, d’où l’importance de commencer à repérer les souffrances du corps, les zones sombres du corps, trop souvent fermées, les déséquilibres.
Un travail postural est donc nécessaire pour ouvrir le corps au souffle et vivre les changements avec sérénité.
S’intéresser à ce dossier c’est déjà avoir vécu ce travail postural et être dans un questionnement profond au sujet du souffle.
Pour aborder le pranayama, n’ayant pas rencontré le « Maître », j’ai tout d’abord pris le livre de B.K.S. IYENGAR « Lumière sur le pranayama » qui m’est apparu le plus complet sur le sujet et je m’y suis « coltinée ».
Ensuite, j’ai retrouvé Martine Le Chenic, qui se réfère à la tradition de B.K.S. Iyengar
J’avais déjà travaillé avec elle les postures mais je n’étais pas mûre à l’époque pour aborder le pranayama qu’elle n’avait d’ailleurs pas beaucoup travaillé elle-même
Puis, je me suis replongée dans les livres et j’ai été très intéressée par celui d’André VAN LYSEBETH, enseignant de yoga : « Pranayama la dynamique du souffle », dont je vous livrerai quelques extraits. Je le trouve plus simple d’accès que celui de B.K.S. Iyengar.
« Le corps de l’homme, nous dit Frère Joël, représente une étape décisive dans l’évolution de la création. Il se dresse laborieusement debout, part de l’horizontale à la verticale, comme pour émerger du flux du temps et des contingences de l’histoire. Il rassemble sur le même axe de vie les trois centres de gravité que sont le bassin, le thorax et la tête. L’assise dit symboliquement sa vocation de lien entre le ciel et la terre, entre la matière et l’esprit.
La respiration, symbole d’une vie supérieure : c’est un échange permanent et gratuit.
Nous liant à l’épreuve du temps qui passe, la respiration lève en nous les ambiguïtés, les zones d’ombres, les refus d’amour, et nous mène vers la terre des accomplissements.
L’essentiel du yoga n’est-il pas de construire dans son corps la posture juste qui permettra d’accueillir le souffle, le souffle qui libère ?
La respiration est beaucoup plus qu’une fonction, elle est un signe ».